On revient
- Kevin Cado
- 6 days ago
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Le 26 avril, au Moustoir, on menait deux à zéro contre Caen, mais plus personne ne regardait vraiment le match. Pas après la 80ᵉ. Tous les yeux étaient baissés — sur les téléphones. Réseau saturé. Trop de gens à actualiser en même temps le score de Pau–Metz. Chaque seconde de chargement partiel déclenchait des soupirs, des rires nerveux, quelqu’un qui lâchait : « putain, ça charge pas ».
Et puis d’un coup, une voix isolée : « Pau a marqué. »
Le stade a frissonné sans comprendre. Et quand la nouvelle s’est répandue, j’ai vu des gens s’affaisser sur leur siège, d’autres se lever d’un bond. Je me suis levé aussi. Pas par réflexe — par nécessité. Kroupi avait les yeux rouges. Abergel pleurait. Et Soumano, qui venait juste d’entrer, a scellé le tout d’une frappe sèche, basse, dans le temps additionnel. Un point final.
Quelques secondes plus tard, les barrières ont cédé. Pas de chaos. Juste des corps attirés par la pelouse. Le Moustoir, envahi. Drapeaux, chants, fumée.
Je n’ai pas crié. Je suis juste resté là. À regarder.

10 mai. Dernière journée. Même siège. Soleil en plein visage. Martigues au bord du gouffre. Lorient jouait pour le titre. Kroupi a marqué juste avant la mi-temps, puis encore ensuite. Soumano est entré — premier ballon, but. Et pour couronner ce bel après-midi : un dernier de Makengo. Cinq à un. Une démonstration, sans arrogance.
Pas d’envahissement cette fois. Mais les chants ont duré bien après le coup de sifflet. Abergel et Talbi ont traversé le terrain pour rejoindre les Merlus Ultras. Ils ont chanté, levé les bras, frappé sur les tambours. Le trophée a été soulevé sur une estrade improvisée, dans une brume de confettis argentés. J’ai pris une photo. Une seule. Pas du bouclier. Du moment juste avant — quand le micro a grésillé, quand les joueurs se sont avancés. Lumière basse. Fumée, encore suspendue.
Ici, le football est la fête. Et la fête, c’est le football. C’est une affaire de sol, de sel, de silence contenu.À Lorient, on ne fait pas la fête. On revient.
Si le football en Bretagne a du sens pour vous —