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Entre Sel et Silence : Un Voyage en Kayak Matinal sur la Ria d'Étel

  • Carmine Frasca
  • Apr 24
  • 2 min read

Updated: May 16

7h15. La brume persiste encore sur l'eau — fine, grise, suspendue à hauteur des yeux. Le kayak glisse lentement. Pas de vagues, aucun bruit. Nous partons de Saint-Cado à l’aube. Le guide mène le groupe sans hâte. Un geste, une direction — cela suffit.


La lumière est douce, étendue uniformément sur le paysage. À chaque coup de pagaie, l'eau capte un éclat de réflexion. Nous parlons à voix basse, comme si l'endroit lui-même imposait le silence. À droite, les cabanes à huîtres commencent à prendre forme. À gauche, un bateau à fond plat dérive lentement, ses voiles encore ouvertes. Debout sur une planche de paddle, une silhouette solitaire glisse sans un bruit. Rien ne bouge, si ce n’est l’eau qui se déploie derrière. Trop loin pour distinguer des traits, mais assez près pour que je me laisse légèrement dériver sans même m’en apercevoir.


La ria d’Étel est difficile à définir. Pas vraiment la mer, pas tout à fait un fleuve. Elle change. Elle glisse. Elle n’offre aucune explication. C’est un lieu qu’il faut mériter — surtout en été, lorsque les foules se contentent des plages de Carnac et que seuls quelques âmes curieuses s’aventurent aussi loin, à la recherche de quelque chose de réel. Ceux qui arrivent par erreur partent souvent plus calmes qu’à leur arrivée.


Saint-Cado, à la dérive entre lumière et marée.
Saint-Cado, à la dérive entre lumière et marée.

Vers 9h, le soleil commence à réchauffer la peau. Le silence se lève un peu. Nous pagayons de retour vers le vieux pont Lorois, puis laissons le courant nous porter. Les rives sont basses, les roseaux denses. Une maison solitaire se trouve à l’extrémité d’une petite presqu’île. Le guide raconte des histoires — des contes anciens d’anguilles, de tempêtes, et de jours révolus. Mais ce dont je me souviens le plus, c’est ce moment, au milieu, où tout est devenu silencieux. Où il a semblé que le paysage ne faisait plus de distinction entre lui-même et moi. Ou peut-être attendait-il juste — que nous arrêtions de pagayer, pour qu’il puisse respirer lui aussi.


De retour à Saint-Cado. Un café à la main, les jambes lourdes et engourdies. La silhouette a disparu. Il ne reste qu’une légère trace, là où l’eau s’est arrêtée. Pas de mots. Pas de regards. Rien de remarquable. Juste un matin en kayak. Mais ici, en Bretagne, les choses simples portent souvent plus de poids qu’on ne le réalise. Surtout quand on oublie délibérément de remettre les gants mouillés au fond du sac.


Prêt pour votre aventure sur la ria ?


 
 
 
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